Abd Al Malik
01 - GIBRALTAR
Sur le détroit de Gibraltar, y'a un jeune noir qui pleure un rêve qui prendra vie, une fois passé Gibraltar.
Sur le détroit de Gibraltar, y'a un jeune noir qui se d'mande si l'histoire le retiendra comme celui qui portait le nom de cette montagne.
Sur le détroit de Gibraltar, y'a un jeune noir qui meurt sa vie bête de "gangsta rappeur" mais ...
Sur le détroit de Gibraltar, y'a un jeune homme qui va naître, qui va être celui qu'les tours empêchaient d'être.
Sur le détroit de Gibraltar, y'a un jeune noir qui boit, dans ce bar où les espoirs se bousculent, une simple canette de Fanta.
Il cherche comme un chien sans collier le foyer qu'il n'a en fait jamais eu, et se dit que p't-être, bientôt, il ne cherchera plus.
Et ça rit autour de lui, et ça pleure au fond de lui.
Faut rien dire et tout est dit, et soudain ... soudain il s'fait derviche tourneur,
Il danse sur le bar, il danse, il n'a plus peur, enfin il hurle comme un fakir, de la vie devient disciple.
Sur le détroit de Gibraltar y'a un jeune noir qui prend vie, qui chante, dit enfin « je t'aime » à cette vie.
Puis les autres le sentent, le suivent, ils veulent être or puisqu'ils sont cuivre.
Comme ce soleil qui danse, ils veulent se gorger d'étoiles, et déchirer à leur tour cette peur qui les voile.
Sur le détroit de Gibraltar, y'a un jeune noir qui n'est plus esclave, qui crie comme les braves, même la mort n'est plus entrave.
Il appelle au courage celles et ceux qui n'ont plus confiance, il dit : "ramons tous à la même cadence !!!".
Dans le bar, y'a un pianiste et le piano est sur les genoux, le jeune noir tape des mains, hurle comme un fou.
Fallait qu'elle sorte cette haine sourde qui le tenait en laisse, qui le démontait pièce par pièce.
Sur le détroit de Gibraltar, y'a un jeune noir qui enfin voit la lune le pointer du doigt et le soleil le prendre dans ses bras.
Maintenant il pleure de joie, souffle et se rassoit.
Désormais l'Amour seul, sur lui a des droits.
Sur le détroit de Gibraltar, un jeune noir prend ses valises, sort du piano bar et change ses quelques devises,
Encore gros d'émotion il regarde derrière lui et embarque sur le bateau.
Il n'est pas réellement tard, le soleil est encore haut.
Du détroit de Gibraltar, un jeune noir vogue, vogue vers le Maroc tout proche.
Vogue vers ce Maroc qui fera de lui un homme ...
Sur le détroit de Gibraltar … sur le détroit de Gibraltar …
Vogue, vogue vers le merveilleux royaume du Maroc,
Sur le détroit de Gibraltar, vogue, vogue vers le merveilleux royaume du Maroc …
02 - 12 SEPTEMBRE 2001
J'avais déjà un flow de taré lorsque les tours jumelles se sont effondrées,
J'avais déjà un flow de dingue lorsque les tours jumelles se sont éteintes.
Je fus choqué dans mon intime et je vous jure que si j'n'avais pas eu la foi j'aurais eu honte d'être muslim.
Après ça, fallait qu'on montre aux yeux du monde
Que nous aussi nous n'étions que des hommes,
Que s'il y avait des fous, la majorité d'entre nous ne mélangeaient pas
La politique avec la foi.
J'avais déjà un flow de taré lorsque les tours jumelles se sont effondrées,
J'avais déjà un flow de dingue lorsque les tours jumelles se sont éteintes.
Après c'la on a tous été pointés du doigt, ils se sont demandés « peut-être qu'y sont tous comme ça » ?
Les canons s'mirent à bombarder Bagdad
Et des corps s'effondrèrent en Espagne.
Nos leaders se mirent à geindre et la Suisse sur un plateau de télé, face à un homme d'Etat, mélangea
La politique avec la foi.
J'avais déjà un flow de taré lorsque les tours jumelles se sont effondrées,
J'avais déjà un flow de dingue lorsque les tours jumelles se sont éteintes.
Je découvris la suspicion, c'est quand un homme a peur et que l'autre en face ne le rassure pas,
C'est quand celui qu'on croyait connaître devient soudain celui qu'on n'connaît pas.
Les Pays-Bas assassinèrent le descendant d'un peintre de renom.
La France continua à dire non,
L'Europe se scinda en deux, les uns et les autres qui n'voulaient pas qu'on confonde
La politique avec la foi.
J'avais déjà un flow de taré lorsque les tours jumelles se sont effondrées,
J'avais déjà un flow de dingue lorsque les tours jumelles se sont éteintes.
J'avais la conviction intime ce Septembre 2001
Que comme avant il n'y aurait plus rien et en un sens c'était sublime,
Le grain disait adieu à l'ivraie alors une parole de paix j'allais pouvoir délivrer.
Ainsi tous se reconnaîtraient dans la grande famille de l'humanité
Qui naturellement, viscéralement, ne confondrait pas
La politique avec la foi.
J'avais déjà un flow de taré lorsque les tours jumelles se sont effondrées,
J'avais déjà un flow de dingue lorsque les tours jumelles se sont éteintes.
On allait tout déconstruire, déconstruire avec trois « D »
Comme Deleuze, Derida et Debray.
Ni fondamentaliste ni extrémiste de l'Islam ou d'la laïcité
Mais là, ça d'vient lourd j'crois, trop compliqué en tout cas, et puis moi je n'mélange pas
La politique avec la foi.
Et au fait ce mois-là et l'mois qu'a suivi
Y a eu l'album de Jay-Z « Blue print », une leçon,
Et l'premier classique de Wallen « A force de vivre » avec « Celle qui a dit non »,
Et l'bouquin d'Jonathan Franzen « Les corrections »,
Et moi, moi qui ne f'sais rien, qui galérais à la maison, ah si, je changeais les couches de mon fiston ah ah ah …
03 - SOLDAT DE PLOMB
Soldat de plomb, Soldat de plomb
Tout maigre dans ma grosse veste qui me servait d'armure,
J'avais du shit dans mes chaussettes et j'faisais dans mon pantalon.
Soldat de plomb, Soldat de plomb
J'avais juste 12 ans, les poches remplies d'argent, j'avais déjà vu trop de sang.
Soldat de plomb, Soldat de plomb
J'étais adolescent quand j'ai vu l'destin prendre un calibre et nous descendre 1 par 1,
Mort par overdose, par arme à feu, par arme blanche ou par pendaison.
Soldat de plomb, Soldat de plomb
Bien sûr qu'un sourire nous aurait fait plaisir, juste un peu d'attention
Et peut-être ç'aurait été autrement, nous aurions été des enfants normaux et pas des enfants soldats.
Soldat de plomb, Soldat de plomb
Ça n'pouvait finir qu'en drame quand nous étions dans cette cave
Et que tout notre escadron s'est mis à sniffer d'la came.
Soldat de plomb, Soldat de plomb
Des copines que j'avais connues belles s'étaient changées en loques humaines
A cause de l'héroïne qu'elles s'étaient injectées dans les veines.
Soldatesse fatiguée, Soldat de plomb, Soldat de plomb
Certains de mes proches, de mes frères, décidèrent de faire sauter la banque à coups de revolver « BANG BANG ».
5, 10, 15 ans fermes et on ne parle plus que par lettre.
Soldat de plomb, Soldat de plomb
Sous le volant les câbles pendent, il roulait vite pour pas s'faire prendre.
L'explosion sonna « boum » et il se fit pendre
Soldat de plomb, Soldat de plomb
Sans oublier les histoires bêtes, un contrôle d'identité, on finit une balle dans la tête.
Soldat de plomb, Soldat de plomb
Alors ça finit en émeute, en guerre rangée,
CRS casqués contre jeunes en meute, enragés.
Soldat de plomb, Soldat de plomb
Alors aujourd'hui quand j'entends des journalistes me dire
Que parler de paix et d'amour ça n'sert à rien si ce n'est divertir,
J'pense à ces mecs et ces meufs dont l'ultime demeure est
Sous une croix ou tournée vers la Mecque.
Ces p'tits mecs et ces p'tites meufs qu'on n'considèrera jamais
Comme des héros ou même comme de simples victimes de guerre.
Moi je n'vous oublie pas et en votre mémoire éternelle
Je f'rais tout pour faire la paix avec moi-même
Et avec les autres aussi, pour un monde meilleur.
Vive la France arc-en-ciel, unie et débarrassée de toutes ses peurs.
Soldat de plomb, Soldat de plomb
Donne-moi la main, donne-moi la main …
04 - LES AUTRES
Moi, moi quand j'étais petit, j'avais mal.
C'était l'état de mon esprit, je suis né malade.
Sur l'échelle de Richter d'la misère, malade ça vaut bien 6,
Quelques degrés en-d'ssous d'là où c'est gradué « fou ».
Refrain
Les autres, les autres c'est pas moi c'est les autres,
Les autres …
J'étais voleur et avant d'aller voler je priais.
Je demandais à Dieu de n'pas m'faire attraper.
J'lui demandais qu'la pêche soit bonne,
Qu'à la fin d'la journée le liquide déborde de mes poches.
Bien souvent j'ai failli m'noyer, j'ai été à sec, aussi, souvent …
Quand j'croisais papa l'matin aller travailler avec sa 102 bleu
En rentrant l'matin d'soirée j'me disais « c'est un bonhomme mon vieux ! ».
Ensuite j'me faufilais dans mes couvertures et j'dormais toute la journée,
Le style vampire : dormir la journée et roder une fois l'soleil couché.
L'genre d'prédateur à l'envers, le genre qui à la vue d'un poulet meurt de peur.
Je n'me suis jamais fait prendre et si …
Et si j'avais été pris, aux keufs j'aurais dit …
Refrain
Les autres, les autres c'est pas moi c'est les autres,
Les autres …
J'étais beau parleur et j'souriais aux filles en jean avec des grosses ceintures.
Celles qu'aiment bien l'odeur que dégagent les gars qu'ont la réputation d'être des ordures.
Le genre à jurer sur la vie d'sa mère dès qu'il ouvre la bouche,
Rêve de BMW pour asseoir à la place du mort celles qui couchent.
Dans mon monde un mec comme moi c'est l'top,
J'aurais été une fille, on m'aurait traité d'sale …
Quand j'croisais ma sœur avec ses copines dans l'quartier,
Moi qu'allais en soirée, j'lui disais « rentre à la baraque, va faire à bouffer ! »
Ensuite j'allais rejoindre mes copines, celles qui m'faisaient bien délirer,
Celles qui comme moi avaient un père, une mère, p't-être bien des frères et sœurs, qui sait …
Mais moi, du genre beau parleur à l'endroit sans foi ni loi
Mais c'était pas moi l'chien, mais …
Refrain
Les autres, les autres c'est pas moi c'est les autres,
Les autres …
Et puis du jour au lendemain j'ai viré prêcheur.
Promettant des flammes aux pêcheurs et des femmes aux bons adorateurs,
Comme si Dieu avait b'soin d'ça pour mériter qu'on l'aime.
Mais moi pour que les autres m'aiment, moi j'en ai dit des choses pas belles.
Et j'en ai acceptées aussi, on m'a dit « t'es noir ! Tu veux t'marier avec elle mais t'es noir ! »
Les autres i' disaient comme ça qu'elle était trop bien pour moi.
Donc moi, j'faisais d'la peine à voir, moi.
Moi j'continuais ma parodie, mon escroquerie spirituelle
Sauf que … j'me carottais moi-même.
J'étais dev'nu un mensonge sur patte qui saoule grave
Et qui sait même pas c'qu'i' dit,
Qui voit même pas qu'c'est un malade et qui dit comme ça … tout l'temps i' dit …
Refrain
Les autres, les autres c'est pas moi c'est les autres,
Les autres …
Et je vous dit Monsieur, je vous dit Monsieur
Quand je pense à tout ça, Monsieur, je pleure, je pleure.
05 - LA GRAVITE
A l'arrière train du bus 14 comme à la remorque de la vie, je suis amorphe côté fenêtre,
Les yeux assis dans l'vide, à n'surtout pas m'demander si la vie m'considère comme un brave.
Je viens d'un lieu où chacun se complait à être grave.
Tourner en rond dans ces ruelles de la vie, que même les lampadaires n'éclairent plus,
Etre baigné dans l'noir et pourtant se croire dans la lumière totalement nu ...
Sortir la tête de l'eau ou se noyer dans l'fantasme.
Je viens d'un lieu où chacun se complait à être grave.
Je m'blesse tout l'temps avec le tranchant d'l'orgueil, je suis d'ceux qui lentement deviennent leur propre cercueil.
Je suis aveuglé par des murailles de tours, j'me dis :"il peut rien y avoir derrière ces remparts...?"
Je viens d'un lieu où chacun se complait à être grave.
Avoir la prétention d'être soi, on s'connaît toujours trop peu.
Donner du sens, cette pensée me rend exceptionnel en ce lieu.
Provincer mon existence il fut un temps où Paris, j'y serais allé même à la nage,
Je viens d'un lieu où chacun se complait à être grave.
Au volant de ma Z3 bleu ciel comme aux commandes de ma vie, je suis les cheveux au vent de cette vie blonde que je conduis,
A m'demander si j'crois en la justice, j'dirais que je suis heureux d'être à ma place.
Je viens d'un lieu où rien n'est jamais vraiment grave.
Rouler à fond sur l'autoroute de la vie, tellement éclairée qu'on en perd la vue, prendre son bain debout.
Un problème, des solutions, n'en parlons plus,
Voir l'argent comme un moyen et non comme une fin, ça calme,
Je viens d'un lieu où rien n'est jamais vraiment grave.
Je n'suis pas d'ceux qui considèrent être quelqu'un parc'que je suis né avec quelque chose, je suis tellement égoïste que j'pense plus aux autres qu'à moi c'est drôle ...
Mais ... il m'arrive d'être triste et ces joues mouillées, ce sont de vraies larmes
Même si je viens d'un lieu où rien n'est jamais vraiment grave.
Avoir mal à la bourgeoisie comme Che Guevara, se lever chaque matin sans réellement savoir pourquoi,
Souffrir du non sens, une maladie qui n'épargne aucun personnage,
Je viens d'un lieu où rien n'est jamais vraiment grave.
Je viens d'un lieu où chacun se complait à être grave.
La gravité, mesdames et messieurs.
06 - SAIGNE
Derrière le statut, le vêtement, la couleur de peau, n’est-ce pas qu’on est tous semblables ?
Les mêmes préoccupations : qui suis-je, où vais-je, que n’ai-je, m’aime-t-il, m’aime-t-elle ?
C’est pas exagéré de dire que je suis mort.
J’suis allongé là à même le sol et j’me demande encore
Pourquoi ne m’aimaient-ils pas ? Pourquoi est-ce qu’ils me regardaient tous comme ça ?
Les policiers diront que le coup est parti tout seul, que j’me débattais, quoi.
C’était censé être un simple contrôle parce que sur la route j’roulais un peu trop vite,
Mais j’étais habitué à c’tempo d’vie et puis j’pensais à ma fille.
J’lui avais dit à c’garagiste que si j’roulais sans plaque j’allais avoir des blèmes.
Il m’a dit : « Vous êtes parano m’sieur, j’vous arrangerai ça d’main, y aura plus d’problème ».
Et moi, et moi j’l’ai cru avec ma tête de Noir, de cas social.
C’est dingue quand même : mon pays d’origine j’le connais même pas et franchement :
Je pense, je parle, je rêve, je respire en français,
En français je pleure, je ris, je crie, je [saigne].
Refrain
Derrière le statut, le vêtement, la couleur de peau, n’est-ce pas qu’on est semblables, tous [saignent]
Les mêmes préoccupations : qui suis-je, où vais-je, que n’ai-je, m’aime-t-il, m’aime-t-elle ? [saigne]
Pour ce pays comme ceux et celles qu’ont fait la guerre,
Comme ceux et celles qui ne savent pas dire « je t’aime », je [saigne].
Quand il est arrivé avec sa belle caisse
Je m’suis dit encore un de ces nègres qui va m’prendre la tête.
Mais il était – j’dois dire – plutôt courtois,
Même franchement carrément sympa.
Je m’suis dit qu’c’était bête d’penser comme ça,
Parce que c’type il avait pas fait d’histoires, il était juste comme moi,
Un simple passager de l’Orient Express du destin
Sauf qu’il était Noir, mais ça, ça enlevait rien.
J’ai même fait mon travail avec plaisir.
Faut dire qu’c’est rare les clients prévenants, en plus qui vous font rire.
J’lui ai dit d’repasser le lendemain pour lui visser sa plaque
Mais il voulait absolument partir de suite voir sa fille j’crois, ils sont très famille les blacks vous savez.
Vous comprendrez que ça m’a foutu un coup
Quand j’ai appris qu’le mec il était mort sur le coup.
J’suis sans doute la dernière personne à avoir ri avec lui, à avoir été cool avec lui avant qu’il ne [saigne].
Refrain
Derrière le statut, le vêtement, la couleur de peau, n’est-ce pas qu’on est semblables, tous [saignent]
Les mêmes préoccupations : qui suis-je, où vais-je, que n’ai-je, m’aime-t-il, m’aime-t-elle ? [saigne]
Pour ce pays comme ceux et celles qu’ont fait la guerre
Comme ceux et celles qui ne savent pas dire « je t’aime », je [saigne].
Déjà quand j’étais aux Antilles ça m’saoulait grave d’voir ces Noirs et ces Arabes qui foutaient la merde, quoi.
Mais c’est pas pour ça qu’j’ai voulu être flic, c’était une vocation j’crois.
La Métropole c’est spécial mais j’m’y suis vite fait.
Un bon flic c’est obligé, ça doit s’adapter.
J’ai fait pas mal d’arrestations, des mecs méchants et vraiment dangereux.
Mais l’plus étonnant c’est qu’c’est à nous qu’le civil en veut.
Bon c’est vrai qu’y a des collègues qui sont pas cools,
Mais c’est comme partout, t’as des gens biens et des fous.
Mais ça, va l’expliquer à c’gars dans cette belle voiture
Qui roule comme un dingue parce qu’il doit l’avoir volé en plus.
Il s’est arrêté brusquement, bizarrement alors j’l’ai pris en joue
Et mon collègue qu’arrêtait pas d’me dire qu’il voulait s’faire du bougnoule …
Alors ça plus toute la tension, la violence qui règne autour de nous,
J’me suis dit qu’j’avais jamais tiré en vrai quand …
Refrain
Derrière le statut, le vêtement, la couleur de peau, n’est-ce pas qu’on est semblables, tous [saignent]
Les mêmes préoccupations : qui suis-je, où vais-je, que n’ai-je, m’aime-t-il, m’aime-t-elle ? [saigne]
Pour ce pays comme ceux et celles qu’ont fait la guerre
Comme ceux et celles qui ne savent pas dire « je t’aime », je [saigne].
07 - MOURIR A 30 ANS
Un jour dans la rue
Un jour à l'école
Un jour dans l'étude
Un jour dans l'vol
Un jour sur Sky
Un jour dans les drames
Un jour dans les larmes
Un jour dans l'Islam
Un jour je veux mourir
Un jour je veux vivre
Un jour j'suis un disque
Un jour je suis un livre
Un jour chez Ardisson
Un jour chez ma maman
Un jour j'suis une star
Un jour je suis Néant
Un jour dans l'métro
Un jour dans l'bus
Un jour chez Atmo
Un jour dans la lune
Un jour dans ma plume
Un jour j’suis en studio
Un jour j'parle plus
Un jour noyé dans mes mots
Un jour on m'regarde pas
Un jour on m'parle de ma femme
Un jour c'est moi qui pousse
Un jour c'est moi qui blâme
Un jour j'suis dans les rêves
Un jour j'suis dans l'réel
Un jour dans la ville
Un jour dans l'désert
Un jour j'suis tous les Hommes
Un jour je suis Malcolm
Un jour j'porte le monde
Un jour je suis un gnome
Un jour près d'la tombe
Un jour je suis un môme
Un jour j'suis plus drôle
Un jour mémoire de mes morts
Un jour j'suis immeuble
Un jour je suis une cave
Un jour je suis peur
Un jour je suis un brave
Un jour je suis père
Un jour je suis mon fils
Un jour j'pleure seul
Un jour j'ai l'vertige
Un jour j'ai l'coeur sobre
Un jour j'l'entends sourire
Un jour je suis noir
Un jour je suis blanc
Un jour arc en ciel
Un jour j'suis grisonnant
Un jour ils ont la haine
Un jour mort de rire
Un jour je m'assume
Un jour je me sublime
Un jour je suis marteau
Un jour je suis enclume
Un jour je suis bateau
Un jour je suis écume
Un jour j'suis chez les bourges
Un jour j'suis chez les cailles
Un jour j'suis tout rouge
Un jour j'perds mes écailles
Un jour ce 14 mars j'ai 30 ans
Un jour ce 14 mars j'ai 30 ans
Mais c'que je sais tous les jours, c'est qu'dans l'jardin même si les fleurs sont multiples,
L'eau est une.........
08 - LE GRAND FRERE
Le grand frère, le grand frère, le grand frère…
Hier Hubert a pris l'avion,
Hubert c'est mon frère qui rentre à la maison.
C'est vrai qu'c'est important d'avoir un frère, surtout un grand frère.
Ca fait 3 ans qu’il part chaque été au pays,
Il aide comme il peut, là-bas c'est la misère.
Surtout qu'on a toujours envie de montrer qu'on est bien ici, on entretient le mythe.
Hubert c'est un homme, il leur dit : "vous savez en France, la misère, ça existe".
Mais ils veulent pas l'croire, ils disent : "Tu veux pas qu'on vienne, c'est ça ...?"
Lui, il comprend leur attitude, il leur dit juste comment ça s'passe quoi.
Parce que si on veut changer l'monde, c'est d'chez soi qu'il faut l'faire.
Mais au pays on lui répond : "t'es un blanc maintenant, ça se voit qu'tu connais pas la misère".
Hier Hubert a pris l'avion,
Hubert c'est mon frère qui rentre à la maison.
En fait c'est mon cousin, mais j'dis qu'c'est mon frère, parc'que dans la cité quand t'as un grand frère ça t'évite plein d'galères.
Surtout quand il est boeuf comme ça,
Parc'que les mecs en bas y'a qu'la force qu'ils respectent.
Lui c'est un Homme et moi j'suis un gosse,
Enfin disons que de plus que moi il a au moins 3 têtes.
Et puis c'est pas tout moi j'déconne et pas lui.
Il m'fait pas la leçon ou quoi, mais j'ai honte devant lui,
Parc'qu'avec le physique qu'il a et la crainte qu'il inspire,
Il pourrait facilement être braqueur, dealer, j'sais pas moi ... ou voleur à la tire.
Mais lui non, il est sérieux, il étudie.
Hier Hubert a pris l'avion,
Hubert c'est mon frère qui rentre à la maison.
C'est vrai qu'c'est bien d'avoir un grand frère.
A l'aéroport on l'a vu, un gaillard comme ça, ça s'loupe pas, frère !
Pourtant il parait qu'il a failli le louper cet avion, ce drôle d'avion
Il voudrait faire de grandes choses dans l'avenir,
Avoir son diplôme, bosser dur pour tous de la cité nous faire sortir.
Mais il l'a pris cet avion, ce DC10 d’UTA pour ceux qu’aiment les précisions.
Celui qui a explosé au dessus du désert du Thenere ...
Hubert a pris l'avion mais il n'est jamais rentré....
09 - IL SE REVE DEBOUT
Il se rêve debout et … et ça lui va pas bien parce que … parce que sans geste ni parole, il te reste rien.
Rien qu'un coeur et j'peux te dire qu'avec, qu'avec cet oeil des fois, des fois on voit rien de bien.
Y'a des moments comme ça dans la vie où … où c'est tout ou bien rien.
Il se rêve debout et … et ces derniers temps c'est moins tout que rien,
Et puis il n'a ni geste ni parole, il lui reste rien, rien qu'un coeur pour voir qu'hors de l'Amour et ben, et ben y'a rien...
Et … : « ça va ? ». Il aurait répondu : « Bien. » même si ça va plus mal que bien.
Il se rêve debout et … et à y voir d’plus près c'est triste dans sa condition, mais … mais vous, à sa place, vous chanteriez quoi comme chanson, hein ?
Parc'que ça change tout d'être obligé de vivre à condition,
A condition que les autres ils s'trompent pas lorsque … lorsqu'ils interprètent votre partition.
Il se rêve debout et … et c'est sans condition, sans condition qu'il se lève, assis ou allongé, la même chanson ...
C'est évident qu'il pourra plus jamais danser comme ces cons, comme ces types qui le dénigraient avant et qui le négligent pour d'autres raisons.
Il se rêve debout pour vivre en mourant, pour survivre dans un monde où les morts s’prennent pour des vivants.
Fonctionnaires d'une existence qu’ils … qu'ils vivent bêtement parce que … parc'qu'ils ont peur, parc'qu'ils ont peur d’chaque instant.
Il se rêve debout et … et la voilà en blanc, sourire réflexe et geste indifférent :
"Bonjour !" dit-elle en entrant,
"Bonjour." dit-il en pensant.
Il se rêve debout comme … comme ceux qu’apprécient l'instant, comme ceux qui savent que … que d’toute façon tout ça, ça dure qu'un temps.
Il se rêve debout quand elle lui parle il l'écoute.
Faut dire qu'il l'était, debout, avant l’drame sur la route.
Elle l'entoure de ses bras et … et le fait s'asseoir. Il lui reste rien, il lui reste ni geste ni parole mais il peut voir.
Il se rêve debout lorsque … lorsque sur son fauteuil elle le pousse.
« Dites donc ! Ca a l'air d'aller aujourd'hui, crie-t-elle, on va vous faire une bonne douche. »
10 - M'EFFACER
Même si un de ces jours au Neuhof je redeviens MC de MJC,
Critiquant la société, ma terre, mon pays nourricier,
Parce que excédé de n'trouver ni travail, ni métier
A cause d'un pigment dans mon épiderme que j'aurais soit disant en excès,
Même si c'est vrai qu'c'est étrange de se sentir étranger chez soi,
Sentir brûler sur soi le froid d'l'indifférence ou d'la haine, au choix,
Que toutes les ruelles en ville redeviennent des chemins de croix, du genre
« Monsieur : vos papiers ! Monsieur, vous désirez quoi ? »
Je sais quand même que dans la chambre de l'appart' de ma tour
Je continuerais à invoquer l'Amour …
Jusqu'à ce que son règne vienne
Que la vie d'chacun soit aussi importante que la mienne.
Même si c'la m'essouffle, même si c'la ne dure qu'une seconde,
Ma vie j'la donnerais pour pouvoir vivre cette seconde,
Caresser au moins de l'œil cette seconde, entr'apercevoir les ailes de cette seconde.
Je pourrais bien brouiller les pistes,
Changer cent milles fois de visage,
Rayer mon nom de toutes les listes
Et m'effacer du paysage …
Même si un d'ces jours à Paris, je suis couronné meilleur MC
Egotripant sur mon flow, mon fric, ma clique,
Parce que doré d'platine par le grand public
A cause d'un tube et de l'estime illusoire que c'la procure,
Même si s'prétendent amis des gens que j'ne connais pas,
Que j'devienne Ubu, qu'il y ait une cour autour de moi,
Qu'on m'agresse d'amour à chaque fois qu'on me croise dans la rue,
Que j'rougisse même Noir, à chaque regard se sentir nu.
Je sais quand même que dans mon rôle de roi sans trône
L'Amour restera mon Royaume …
Et même si on m'piédestale et même si on m'piétine
J'refuserais qu'la haine devienne ma routine.
Même si c'la m'essouffle, même si c'la ne dure qu'une seconde,
Ma vie j'la donnerais pour pouvoir vivre cette seconde,
Caresser au moins de l'œil cette seconde, entr'apercevoir les ailes de cette seconde.
Je pourrais bien brouiller les pistes,
Changer cent milles fois de visage,
Rayer mon nom de toutes les listes
Et m'effacer du paysage …
Même si un d'ces jours sous terre je suis croqué par les vers
M'demandant si absent on m'aime comme Jacques Brel
Parce que combien plus que moi sont bien portants
Et causent entre comptables du CD qui s'vend.
Même si c'est vrai qu'mon avis compte peu maintenant
J'me fais une raison parce qu'il comptait pas du tout avant.
Alors on honorera ma mémoire en chantant mes chansons.
Ca m'fait sourire, j'écrivais ces raps pour leur propre oraison …
Je sais quand même bien évidemment plus que jamais
L'Amour, la seule lumière qui ne s'éteint jamais.
Si j'devais remonter sur scène un jour,
J'y chanterais « Hier encore » comme …
Même si c'la m'essouffle, même si c'la ne dure qu'une seconde,
Ma vie j'la donnerais pour pouvoir vivre cette seconde,
Caresser au moins de l'œil cette seconde, entr'apercevoir les ailes de cette seconde.
Je pourrais bien brouiller les pistes,
Changer cent milles fois de visage,
Rayer mon nom de toutes les listes
Et m'effacer du paysage …
11 - RENTRER CHEZ MOI
Le soleil se termine au loin, embrase les tours,
Je marche seul comme ceux que n’embrasse plus l’amour.
Les rues sont larges, pavées d’l’or d’mes souvenirs d’enfance
Et les murs noircis d’jaune pisse triste adolescence.
Bien qu’il fasse depuis peu nuit, c’est comme si le jour n’se levait jamais vraiment ici.
Rêves collectifs, argent sale, femmes, voitures,
Tu m’étonnes que ma vie ne soit pas faite sans rature
Je m’suis longtemps d’mandé c’qu’il y avait au-delà des immeubles,
Cette question creuse un trou que souvent le vide meuble
Mais bref j’ai vu la suite comme la terre promise
Et une vie moins digne ne pourrait être admise.
J’recrache comme l’herbe l’air d’hiver
Du haut d’ma dégaine fait pour les faits divers.
Le bus arrive que j’prends comme tout le monde,
J’voudrais bien avoir d’la thune comme tant d’monde,
Je veux …
Refrain
Je veux rentrer chez moi,
Laissez-moi simplement rentrer chez moi,
Juste rentrer chez moi,
Laissez-moi juste rentrer chez moi,
Laissez-moi simplement rentrer chez moi,
Je veux juste, juste rentrer chez moi,
Laissez-moi simplement rentrer chez moi,
Laissez-moi juste rentrer chez moi
Laissez-moi simplement rentrer chez moi.
Nos visages sont tous différents et tous anonymes
Pourtant c’est la même mélancolie que l’on décline
Tous, à l’ombre de nos tracas quotidiens,
Probablement tous moins proches du tout que du rien.
Ma mère hausserait les épaules et m’dirait « c’est comme ça
Que veux-tu, n’est-ce pas ici qu’on a porté nos pas ? »
Une vieille dame « Madame, est-ce que vous voulez vous asseoir ? »
Elle saisit fort son sac à main et fait semblant de n’pas m’voir.
Mon indifférence, sa peur réglées sur le même conditionnement
Parce que c’est comme ça qu’on vit depuis tellement longtemps
On s’croise, on s’toise c’est rare qu’on échange,
Ce genre de situations fait qu’des fois on y pense,
Mais ça c’est au mieux, au pire on s’embrouille.
Face à l’autre dans c’monde on a la trouille.
Beaucoup rêvent d’être riches et célèbres
Comme si à part ça tout était funèbre.
Refrain
Je veux rentrer chez moi,
Laissez-moi simplement rentrer chez moi …
Et quand j’veux descendre les contrôleurs montent.
A peine ils m’voient, y s’braquent comme si j’fraude, y s’trompent.
J’prends mon ticket, j’leur jette à la gueule
Et j’enfonce ma tête dans mon veston, laissez-moi m’en aller, je marche seul.
Les lumières de la ville quand les soirs d’hiver elles s’allument,
C’est tellement agréable, j’avance mais je rêve de recule.
Au bout d’mon bras gauche y a mon sac de sport,
Faut dire qu’j’en ai fait contraint quand j’étais dehors.
Dans l’sac quelques habits propres et quelques bricoles,
Le genre de trucs qui valent rien ici, là-bas d’l’or.
J’pourrais m’sauver, courir puis disparaître
Après sûrement un avis d’recherche les pleurs de ma mère,
Alors ça sert à rien, j’aurais dû y penser avant d’être un vaurien.
J’y suis presque, triste, je vois déjà chez moi d’loin.
D’vant les portes immenses infinies du pénitencier
Bienvenue dans l’abîme de nos destinées.
Refrain
Je veux rentrer chez moi,
Laissez-moi simplement rentrer chez moi …
12 - CELINE
Refrain:
Faut faire attention lorsqu'on utilise les mots, les verbes du peuple, le parlé d'la rue. Parc'que du beau peut jaillir la laideur absolue.
Et l'orgueil dont on se drape lorsqu'on est ceux qui ont mal Pour de vrai Pour de faux Ou par abus de langage mérite bien un travail Ou au moins un arrêt sur soi Et puis l'talent, l'aspect novateur d'un style, ça veut dire quoi Si ça nous fait pas aller vers l'autre, si ça nous fait pas aimer l'autre C'est pas parc'qu'on souffre qu'on est légitime C'est pas ceux qui sont le plus mal qui sont les plus dignes Alors t'as des mecs qu'ont voulu s'approprier notre langage Parc'que ça fait vendre, Parc'que ça fait authentique d'être de notre lignage Mais voilà, l'art véritable oblige à être responsable, être rappeur C'est la classe, ça parle aux gens, ça parle Des gens alors on a pas le droit d'jouer un personnage Question d'principe on n'doit jamais oublier d'où l'on vient Question poétique l'art ne doit jamais être mesquin
Refrain:
Faut faire attention lorsqu'on utilise les mots, le verbe du peuple, le parlé d'la rue. Parc'que du beau peut jaillir la laideur absolue.
A force de vouloir se faire rue on est devenu caniveau. C'est pas qu'c'est inutile un caniveau, c'est juste qu'on est devenu des pas beaux ...
On peut pas dire qu'on soit les plus à plaindre Mais d'là à dire qu'on n'fait que faindre....
Les gars, ils s'parlent entre eux, Ils s'sapent, Ils s'rasent le crâne, Ils s'jaugent, Ils aiment les marques, Ils s'volent leurs meufs s'insultent en prose C'est notre culture, C'est la culture de masse, C'est notre culture, C'est la culture des nases Et on en a rien à faire du reste, C'est ça qu'est triste, dans c'monde y a t-il une place Pour la foi, Pour la patrie Ou la famille Et ça, ça nous concerne tous, qu'on parle mosquée, synagogue Ou église, qu'on soit croyant Ou spirituellement sans domicile fixe Faire l'artiste jusqu'à c'que je sorte de ma nuit Parc'que moi je sais qu'en vrai je suis tout petit
Refrain:
Faut faire attention lorsqu'on utilise les mots, le verbe du peuple, le parlé d'la rue. Parc'que du beau peut jaillir la laideur absolue.
A force de vouloir se faire rue on est devenu caniveau. C'est pas qu'c'est inutile un caniveau, c'est juste qu'on est devenu des pas beaux ... des pas beaux …
13 - JE REGARDERAI POUR TOI LES ETOILES
Avant qu’t’arrives petit Mohammed
A vol d’oiseau la vie est belle murmurait déjà l’ciel
J’n’étais qu’un homme, enfin, un enfant qui joue à avoir l’air
On n’doute pas « j’suis grand, moi » c’est c’que l’on s’intime
On croit s’connaître, on paraît mais on s’dit dans l’être
On s’dit dans l’être au fond avoir est l’verbe que l’on préfère
Mais passons, les deux pieds cloués, rivés au sol, pourtant
Le cœur en d’ça d’ma tête en clé de sol, portant
Le poids énorme d’une tristesse heureuse, sur de
Frêles paroles fiévreuses, n’est-ce pas l’Rap ?
Tu n’étais pas là mais j’étais plus petit que toi
J’n’étais qu’un mensonge ambulant c’est ainsi
J’voyais pas
REFRAIN
Je regarderai pour toi les étoiles
Je regarderai …
Et puis t’es arrivé petit Mohammed
J’suis dev’nu l’oiseau qui arpente et qui salue le ciel
Toujours enfant mais bon enfin, fallait bien changer d’air
On n’frime pas, on pleure quoi quand j’tai vu mon fils
On s’connaît pas, on s’aperçoit un jour qu’on a un cœur
Qu’on a un cœur et dire je t’aime on a toujours eu peur
Mais passons, les deux pieds descotchés du sol, pourtant
Le cœur au-d’ssus d’ma tête en clé de sol, pleurant
Sous l’poids énorme d’une tristesse menteuse, sûr que
On aura honte de se voir dans une glace, c’est ça l’Rap
T’étais tout minuscule mais j’étais plus petit que toi
En fait ta venue au monde fut la mienne aussi j’crois
Crois moi
REFRAIN
Je regarderai pour toi les étoiles
Je regarderai …
Maint’nant qu’t’es grand petit Mohammed
J’suis à la fois l’oiseau, le ciel et même la vie est belle
J’suis enfin homme à travers toi, j’suis même bien plus qu’un père
Je doute plus, je vois, maintenant quoi y a plus une seule énigme
Là où j’suis, à présent nous sommes tous fils de l’instant
On est tous fils dès l’instant qu’on sent notre dernier instant
Mais passons, six pieds sous terre cloués au sol, pourtant
Le cœur libéré d’mon corps en clé de sol, planant
Au d’ssus du poids énorme de votre monde, bien que
N’étant plus présent je suis plus vivant, que l’Rap
Prends ce chapelet et invoque la vie, petit
Pense à ton vieux père quand tu pries, je t’aimerai même de là-bas
REFRAIN
Je regarderai pour toi les étoiles
Je regarderai
14 - L'ALCHIMISTE
Je n'étais rien ou bien quelque chose qui s'en rapproche
J’étais vain et c'est bien c’que contenaient mes poches
J'avais la haine, mélange de peur, d'ignorance et de gêne
Je pleuvais de peine, de l'inconsistance de n’pas être moi-même
J'étais mort et tu m'as ramené à la vie
Je disais « j'ai » ou « je n'ai pas »
Tu m'as appris à dire « je suis »
Tu m'as dit « le noir, l'arabe, le blanc ou le juif sont à l'Homme
Ce que les fleurs sont à l'eau »
Ô, toi que j'aime
Hey ! toi que j'aime
J'ai traversé tant d'avenues, tellement attendu ta venue,
Qu'à ta vue, je n'savais plus,
Si c'était Toi, si c'était moi,
Si c'était moi, si c'était Toi,
Hey ! toi que j'aime
Je criais ton nom dans l’désert des villes que j’traversais
Car sûr de ton existence, je savais que tu m'entendrais
Hey ! toi que j'aime
Ô, toi que j'aime
Je n'étais rien ou bien quelque chose qui s'en rapproche
J'étais vain et c'est bien c’que contenaient mes poches
J'avais la haine, mélange de peur, d'ignorance et de gêne
Je pleuvais de peine, de l'inconsistance de n’pas être moi-même
J'étais mort et tu m'a ramené à la vie
Je disais « j'ai » ou « je n'ai pas »
Tu m'as appris à dire « je suis »
Tu m'a dit « le noir, l'arabe, le blanc ou le juif sont à l'Homme
Ce que les fleurs sont à l'eau »
Ô, toi que j'aime
Hey ! toi que j'aime
Ni la rue ni les drames ne m'ont voilé à ta vue
Même au plus bas, même quand j'me disais que tout était foutu
Je t'aimais comme si je te voyais, car si je n'te voyais pas
Je savais que j'étais vu par Toi
Hey ! toi que j'aime
Tu es un lion et ton coeur est un soleil,
L'ultime secours de ceux perdus dans leur sommeil
Hey ! toi que j'aime
Ô, toi que j'aime
Je n'étais rien ou bien quelque chose qui s'en rapproche
J'étais vain et c'est bien c’que contenaient mes poches
J'avais la haine, mélange de peur, d'ignorance et de gêne
Je pleuvais de peine, de l'inconsistance de n’pas être moi-même
Tu es l'Alchimiste de mon coeur
Hey ! toi que j'aime
Ô, toi que j'aime
Hey....
Ô....
Toi, que j'aime.
15 - ADAM ET EVE
Adam et Eve, l'idéal, le modèle autour duquel tournent toutes les histoires d'amour,
Un arbre au centre, depuis la nuit des temps.
Au commencement était l'Amour,
Il habite au 5 d'la rue Jean Mermoz, elle habite avec ses frères et soeurs cité des Aviateurs.
Ils se sont rencontrés au cours élémentaire école Guynemer II,
Elle avait des yeux au grand coeur, il avait le courage d'ces gamins qu'ont toujours peur.
21 ans, il lâche son gun, les histoires d'came et d'keufs pour eux deux, pour ses grands yeux heureux, il l'aime Eve, il l'aime ...
Elle aussi, mais elle connaît ses frères Eve, mais elle s'en fout, elle l'aime quand même.
C'est fou la cité, toute cette diversité et pourtant ...
C'est bien la cité, mais faut bouger pour devenir grand.
Adam il a cogné avec ses coudes et ses poings, il a planté des coups d'couteau dans des reins, il a tiré avec des balles réelles sur des mecs pour rien mais ...
Eve il l'a jamais embrassée Eve, il l'a même jamais touchée Eve, il lui a dit à l'ancienne : « J'le ferai quand tu seras mienne, Eve ».
Adam et Eve
Sillonnent la vie pour que l'on s'aime.
Ne pleure pas Eve,
Y'a pas d'mal à penser à sa pomme.
Si la terre des Hommes part en sucette,
Adam te protège.
Adam et Eve
Sillonnent la vie pour que l'on sème.
C'est l'histoire d'Adam et Eve, un gars et une fille qui viennent d'un endroit où ça craint,
Mais eux, ils s'aiment pour de vrai.
Et s'ils ont ces prénoms c'est p’t-être pas pour rien ...
Ils sautent dans ce taxi et le monde se ferme derrière eux,
Ils sautent dans ce taxi et un autre s'ouvre sous leurs yeux.
Dans l'coffre à peine deux sacs ont suffit pour ficeler une vie,
Pour plier les doux tissus d'mensonges qui, disait-on, les protègeraient en cas de pluie.
Il fait nuit, ils sont censés être endormis, blottis dans les bras tatoués d'leurs univers respectifs.
Deux alliances comme une paire de menottes aux doigts de deux fugitifs pourchassés par des maîtres chien d'la bêtise qu’ont au bout de leurs laisses haine et racisme,
Eve, elle s'était imaginée autre chose comme escorte, comme cérémonie
Mais l'essentiel c'est qu'elle voyait dans ses yeux qu'elle était sa princesse à lui.
Ils s'étaient mariés la veille, Adam et Eve ...
Ils se regardèrent et éclatèrent de rire Adam et Eve ...
Adam et Eve
Sillonnent la vie pour que l'on s'aime.
Ne pleure pas Eve,
Y'a pas d'mal à penser à sa pomme.
Si la terre des Hommes part en sucette,
Adam te protège.
Adam et Eve
Sillonnent la vie pour que l'on sème.
Adam, il s'est fait cracher à l'oreille parc'qu'il s'est marié avec elle,
Il s'est fait piétiner l'coeur pour elle, Eve ...
Ils sont devenus père et mère, lui et elle.
Leur monde c'est pas l'jardin d'Eden, non, non !
Mais on supporte tout lorsqu'on s'aime.
Et franchement y'a pas à dire ils sont vraiment croques l'un de l'autre.
Chaque soir il rentre, comme son père avant lui, d'cette usine qui lui casse le dos.
Ils ont pas une tune, ils ont 3 gosses maintenant mais ils s'kiffent pareil.
Bon ... C'est vrai qu'des fois elle se met à rêver d'une autre life mais lui, jamais...
Parc'qu'il sait qu'c'est qu'une seule fois qu'un coeur se casse ...
Le truc d'une autre vie, ça a tourné quelques temps dans la tête d'Eve, mais...
Elle l'a même quelquefois pleuré à des étrangers autour d'elle, et c'est ça, j'crois,
J'crois qu’c'est ça l’serpent de notre histoire....
Adam et Eve,
Toutes les love story depuis la nuit des temps sont les variantes d'une même histoire.
Adam et Eve,
Toutes les love story depuis la nuit des temps sont les variantes d'ce même thème ...
Adam et Eve........Adam et Eve.......Adam et Eve…………
A